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  • 25 févr. 2018

    Porcelaine de Estelle Faye


    Auteur : Estelle Faye
    Éditeur : Hélios (2013)
    Genres : Conte, Fantasy chinoise
    Pages : 287 (format poche)

    Le résumé : Chine, vers l'an deux cent. Xiao Chen est un comédien errant, jeté sur les routes par un dieu vengeur. Un masque à forme humaine dissimule son faciès de tigre, tandis que son cœur est de porcelaine fêlée. Son voyage va durer plus de mille ans. Au cours de son périple, il rencontrera Li Mei, une jeune tisseuse, la Belle qui verra en lui plus qu'une Bête. Celle qui, sans doute, saura lui rendre son cœur de chair. Cependant Brume de Rivière, fille-fée jalouse et manipulatrice, intrigue dans l'ombre contre leur bonheur. Pendant presque quinze siècles, rivalités et amour s'entrecroisent, tissant une histoire de passion, de tendresse et de sacrifice, sur fond de magie et de théâtre.


    Ma chronique : Chroniquer Porcelaine d'Estelle Faye s'annonce complexe, car alors que je referme tout juste ce roman, je ne sais toujours pas avec certitude ce que j'en ai pensé... certainement parce que j'étais bien loin de m'attendre à ce que j'y ai découvert.

    Xiao Chen est un jeune fils de potier vivant dans un village reculé de l'Empire du Centre, au troisième siècle de notre ère. Maudit par l'esprit de la forêt sacrée surplombant son village, le jeune homme est contraint de quitter les siens. Il rejoint une troupe de comédiens itinérants où, l'espère-t-il, sa tête de tigre lui vaudra davantage que la peur et le mépris. Entre numéros d'horreur, intermèdes comiques et danses endiablées, Xiao Chen fait la connaissance de Brume-de-Rivière, fille-fée insaisissable dont il s'éprend. Mais un jour, Brume s'en va, et les siècles passant, Xiao Chen oublie jusqu'à son existence. A Canton, il croise la route de Li Mei, brodeuse de talent pour laquelle il tombe d'amour, et l'épouse sans tarder. S'en suivent alors des mois de tendre complicité ... bien loin de plaire à Brume-de-Rivière, revenue vers son amour Xiao Chen. Dés lors, la fée devenue femme n'aura qu'un objectif : séparer les amants, à tout prix.

    L'imaginaire d'Estelle Faye a toujours forcé mon respect, mais ce sont aujourd'hui ses talents de conteuse que je salue. Car avec Porcelaine, la jeune auteure a frappé un grand coup et démontré sa maîtrise des codes "romans" et "contes". En effet, Porcelaine est, selon moi, un conte romancé plutôt qu'un roman. De quoi prouver à n'importe quel lecteur que les formats ne sont figés qu'en apparence, et qu'il ne tient qu'à un auteur de faire sauter la scission entre les deux.

    Côté conte, Porcelaine charme ses lecteurs par un narration élégante et impersonnelle ; promesse d'une intrigue linéaire mais efficace, et qui ne s'encombre pas de détails. Le ton est donné dès les premières pages : l'immersion importera peu, mais l’émerveillement sera au rendez-vous. Tout au long de votre lecture vous restez simple spectateur, et jamais Estelle Faye ne vous offre davantage qu'une simple fenêtre sur son récit. Mais à quel spectacle vous avez droit malgré tout ! Car la magie imprègne Porcelaine et le gorge de toutes parts. Une Chine ancestrale et enchanteresse prend vie sous vos yeux, sous la plume de Faye qui sait faire surgir magie et mystères des éléments les plus anodins. Un dépaysement simple et bienvenu pour qui souhaite s'évader ailleurs dans le temps et l'espace ; et à la clef de ce dépaysement, une place de choix pour assister à la lutte que se livrent féerie et modernité au fil des siècles.

    Mais là où un simple conte se montre avare, Porcelaine est prodigue et s'affirme en tant que roman. Davantage que la mise en forme du récit (résolument romancée), ce sont les portraits des deux femmes qui se disputent le cœur de Xiao Chen qui changent la donne et font de ce conte un presque-roman. Li Mei et Brume-de-Rivière incarnent chacune à leur façon une force tranquille, une inflexibilité tantôt brute, tantôt raffinée. Elles sont des femmes telles qu'on peut rêver en devenir, avec leurs faiblesses, leurs fêlures et leurs défauts
    Leurs doutes, aussi, et leurs certitudes parfois irrationnelles. Des portraits profondément travaillés, imparfaits et humains ; et face auxquels le héros fait pâle figure.

    Une association réussie, donc, mais qui souffre parfois des choix d'Estelle Faye, affectant le rythme du récit. Porcelaine a cette chance et cette richesse d'avoir été pensé sur douze siècles, et tandis que je m'attendais à savourer la succession des siècles et des ères avec Xiao Chen, j'ai découvert un récit en deux parties : l'une aux alentours de l'an deux cents, et l'autre au quinzième siècle. Envolées mes attentes, et pour quoi ? Pour un récit très contemplatif qui, en conséquence, s'est révélé lent et fastidieux à parcourir ; et qui repose essentiellement sur les épaules de deux protagonistes secondaires.

    Une lecture contrastée, en somme, et pour laquelle il m'est difficile de trancher d'un simple "j'ai aimé" ou "je n'ai pas aimé". Disons qu'à l'image du presque-conte et presque-roman qu'il est, Porcelaine me laisse dubitative, parfois encline à l'apprécier, parfois pas. 

    Ma note : 13/20

    Date de lecture : 20 février 2018 - 23 février 2018

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